Les promoteurs du judo français, mais aussi les discours de sens commun, désignent fréquemment cette discipline comme étant hautement éducative. La voie de la souplesse serait censée aviver la débrouillardise, ou encore permettre l’émulation et l’apprentissage de l’échec. Par ailleurs, le judo est vu comme une école de sociabilité et de mixité, dans le sens où garçons et filles se trouvent régulièrement mêlés. Dans ce contexte, cet article vise à interroger le rapport qu’entretiennent les enseignants de judo au public enfantin et au caractère éducatif de leur pratique. De plus, il s’agit d’aborder la façon dont ils prennent en compte les rapports sociaux de sexe. Les données recueillies s’appuient sur un double dispositif d’enquête, juxtaposant entretiens semi-directifs et observation de séances. Outre les discours laudateurs vis-à-vis des « bienfaits » accordés au judo, les résultats montrent que les enfants constituent un public controversé et faiblement valorisé par une partie des enseignants. Faute d’un regard spécifique sur la problématique du genre, il semble également que les enseignants de judo contribuent par leurs actions à renforcer les stéréotypes sexués.