Dimensions spirituelles du taiji quan à travers la pratique du pousser des mains
Depuis une vingtaine d’années, la pratique du taiji quan s’est répandue en France au prix d’un détournement de la nature de cette discipline qui, d’un art martial chinois à l’origine, est devenue essentiellement une pratique de santé avec une vocation spirituelle faisant vaguement référence au taoïsme. Sans pointer les responsabilités de ce détournement, Chen Zhi Qiang, petit-fils de Chen Fa ke (2016), une sommité du monde du taiji quan en Chine, montre qu’il ne faut pas limiter la pratique aux seuls mouvements lents : il est nécessaire d’équilibrer le yin et le yang – comme le sans-forme et la forme, le mou et le rigide – dans la pratique comme dans toutes les situations de la vie. C’est dans une conception organique de cette discipline, incluant ses aspects martiaux, qu’une véritable spiritualité semble pouvoir émerger. Le tuishou (pousser des mains), l’une des pratiques martiales caractéristiques du taiji quan, est ici pris en exemple pour montrer comment quelques notions chinoises telles que wuwei (notre définition d’« intervention minimum pour être/rester en phase avec l’autre » est préférable dans le cadre du tuishou), le yin et le yang peuvent être vécues à travers la mise en scène martiale du corps. D’autres aspects comme le conditionnement physique et spirituel à travers le fangsong (détente) permettent de retrouver des préoccupations spirituelles simples telles que le lâcher-prise, l’écoute de l’autre, etc. Dès lors, pratiques corporelle et spirituelle ne font plus qu’un.
Mots-clés
- taijiquan
- pratique corporelle
- spiritualité