Carte blanche à Christian Pociello. L’homme et l’air. Essai d’analyse symbolique de quelques loisirs aériens appareillés

Carte blanche
Par Luc Robène, Dominique Jorand
Français

Porté au respect des exigences théoriques d’une sociologie des sports inspirée de Bourdieu, il paraissait risqué de s’aventurer dans une analyse symbolique de l’élément aérien avec lequel les adeptes du « vol libre » se sont mis à jouer depuis la diffusion de cette activité en France, après 1975. Aspirant à une levée de certaines contraintes et en quête de quelques nouveaux types de vertiges s’ouvrait ainsi – et fort opportunément à la jeunesse masculine – un champ d’« envolées » sensationnelles au « grand air », dans de nouveaux « espaces libres »… Les réflexions que l’on va lire s’appuient sur un retour aux ouvrages peu connus de Gaston Bachelard portant sur la poétique des quatre éléments (la Terre et l’Air, l’Eau et le Feu). À la lecture de ce philosophe, s’évadant dans l’analyse de nos productions imaginaires et poétiques, on relève qu’il a identifié les « matières » les plus dures et rocheuses (dite la « Terre de la volonté ») dont il dit qu’inspirant une sorte de « dynamogénie », elle devient le support préférentiel de la « virilité manœuvrière » et des gestuels « perforants »… À l’opposé de cet imaginaire corporel rêvé – frappant et perforant des pierres ou des rocs – se situe « l’Air » comme l’élément le plus léger, flottant et impalpable ; le moins « matériel » et le plus « fluide » mais aussi le plus « courant » ; qu’il définit comme l’« Élément » par excellence de notre liberté ! Ce sont là des jeux d’oppositions dynamogéniques qui se sont révélées assez parlantes dans l’examen de la production des goûts sportifs contrastés, tout en construisant pourtant un sens symbolique icarien « primitif et éternel » de nos vols.

Mots-clés

  • symbolisme
  • plein air
  • sports aériens
  • système des sports
  • liberté
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