La puissance maximale aérobie de l'enfant (de 1938 à nos jours)

Bioénergétique et activités physiques et sportives
Par Emmanuel Van Praagh, Eric Doré, Pascale Duché, Christophe Hautier
Français

Résumé

Cette revue a comme objectif de rapporter les étapes historiques de l’étude de la consommation maximale d’oxygène (VO2 max) chez l’enfant et l’adolescent. Elle révèle, que pendant une trentaine d’années (1938-1970), le matériel et la méthodologie étaient issus d’études faites sur l’adulte. Cependant, depuis cette dernière période le matériel ergométrique et les méthodes de mesure ont davantage tenu compte de la spécificité biologique de l’enfant. L’évolution de VO2 max chez l’enfant est, entre autres, influencée par l’hérédité, le développement biologique, l’entraînement et l’environnement. L’étude de la littérature ne montre pas de relation très significative entre la dépense énergétique journalière et VO2 max. Il est de plus en plus admis, que l’amélioration de la puissance maximale aérobie nécessite des contraintes musculaires répétées et relativement intenses afin d’induire des modifications fonctionnelles durables. Au cours de la croissance, l’amélioration de VO2 max par l’entraînement systématique du système aérobie est indéniable, toutefois certaines études suggèrent que cette « entraînabilité » serait moins manifeste chez l’enfant pré-pubère par rapport à l’adulte. Parmi les arguments avancés citons : 1) des programmes d’entraînement moins intensifs chez l’enfant ; 2) des valeurs de VO2 max spécifique (ml.kg-1.min-1) souvent déjà élevées chez l’enfant pré-pubère ; 3) l’évolution de certains témoins biologiques (testostérone, GH, IGFI...) qui deviennent fonctionnels au cours de la puberté. La puberté apparaît donc être une période critique dans l’amélioration de la performance aérobie, sans queVO2 max spécifique n’augmente obligatoirement. A l’opposé, et par rapport à l’adulte, il semble que le jeune organisme se déconditionne de façon moins marquée suite à un manque de contraintes musculaires (inactivité physique, repos forcé au lit, désentraînement...). Sachant que l’entraînement améliore VO2 max d’environ 10 %, que l’enfant accidentellement maintenu au lit diminue son potentiel aérobie d’environ 15 %, la plasticité de VO2 max peut être estimée à environ 25 % au cours de la croissance. Des limitations tant d’ordre éthique que méthodologique font que les informations concernant l’adaptation de l’enfant à l’exercice maximal sont encore en retrait par rapport aux observations obtenues chez l’adulte.

Mots-clefs

  • VO2 max
  • ergométrie
  • croissance
  • maturation
  • entraînement.
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