En 1854, le ministre de l’Instruction publique, Hippolyte Fortoul, instaure l’obligation de la gymnastique dans les lycées français. Cette décision, trop peu retenue dans l’histoire de l’éducation physique, marque pourtant un premier enracinement des exercices du corps dans le système scolaire. L’article, qui fait appel à divers rapports, à des sources documentaires et à des monographies d’établissements, démontre que le ministre, avec l’ambition de valoriser les établissements publics face aux institutions privées, impose aux enfants de la bourgeoisie une gymnastique inspirée du modèle militaire et étayée par des finalités hygiéniques. Les résultats sont longs à se faire sentir, mais, quoique contrastés suivant les établissements, ils sont finalement bien réels au travers de l’extension du matériel, de l’édification de gymnases et du nombre croissant de maîtres de gymnastique. Par contre, l’aura de cet enseignement ne s’améliore pas. La gymnastique lycéenne, dépourvue de véritable référence culturelle, demeure une matière annexe. Du moins H. Fortoul peut-il être considéré comme le véritable précurseur de l’introduction des exercices physiques dans les établissements d’enseignement publics français.