Micheline Ostermeyer : l'exception normale d'une « dissonance culturelle »

Par Carine Érard
Français

Résumé

Dans l’histoire du sport français, Micheline Ostermeyer apparaît comme une figure atypique : aux JO de Londres, en 1948, elle est triple médaillée olympique en poids, disque et hauteur en même temps qu’elle entame une carrière internationale de pianiste virtuose. Par cette alliance de deux excellences dans des domaines éloignés d’un point de vue socio-culturel, celui de la « haute culture » (la musique, notamment le piano) et celui de la culture « populaire » (le sport et plus encore l’athlétisme), cette femme suscite notre étonnement parce qu’elle incarne et rend visible une « dissonance culturelle ». De ce point de vue, l’ouvrage récent de B. Lahire (La culture des individus. Dissonances culturelles et distinction de soi, publié en 2004) invite à une lecture renouvelée de cette trajectoire. L’approche biographique menée s’appuie sur des matériaux biographiques « primaires » (récits de vie rétrospectifs ; revues de presse et photographies rassemblés dans « Bobards ») et secondaires (la biographie de M. Bloit (1996) et le film réalisé par P. Simonet). Nous montrerons que le parcours de cette femme athlète virtuose peut être analysé comme une dissonance culturelle qui s’est construite sous l’influence d’une « éducation nouvelle » caractéristique des fractions aisées de la société française du début du siècle et grâce à la coïncidence géographique (parisienne) des élites culturelles.

Mots-clés

  • athlétisme
  • biographie
  • dissonance culturelle
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