Cet article propose une analyse socio-historique du problème de la gouvernance de l’EPS entre 1945 et 1967. L’étude des rapports d’inspection et des instructions officielles montre, dans un premier temps, que les discours officiels de la discipline naissent de la volonté de réduire le décalage entre les instructions officielles et les pratiques enseignantes par le renouvellement des techniques de coercition. Alors que la vérification de la bonne application des instructions officielles tient de la responsabilité de l’inspection générale, celle-ci se révèle être dans les faits incapable d’initier des pratiques. Elle se contente d’assurer une mission d’évaluation de l’enseignant, entendue comme la sanction de la fidèle reproduction d’un modèle pédagogique. Pourtant, la création de l’inspection pédagogique régionale semble donner un nouvel élan. À partir de 1962, certains rapports montrent que le diagnostic de l’inspecteur s’ajuste à une évaluation de l’efficacité de l’enseignant, comprise cette fois-ci, comme la capacité à proposer en fonction d’une situation de départ des moyens à mettre en œuvre pour réaliser les objectifs et les finalités fixés par les instructions. L’inspection prouve ainsi sa capacité à saisir les problématiques pédagogiques concrètes et tente d’y répondre.