Comment des sportifs jouent une adaptation du dilemme des prisonniers ?

Par Luc Collard, Éric Dugas
Français

Résumé

Comment se comportent 48 étudiants sportifs (environ 20 ans), répartis en huit équipes de six joueurs comparables, amenés à jouer au « dilemme des prisonniers » ? Les équipes s’opposent deux à deux à vingt reprises pour un total de 80 parties. Selon le modèle originaire, les tactiques sont choisies séparément, annoncées au juge qui rend compte aux deux équipes du score dans la matrice des gains, donnée préalablement par ce dernier. L’originalité de la recherche consiste alors à provoquer la résolution du jeu par l’accomplissement moteur. Les deux équipes en présence devant simultanément traverser le terrain de 40 m et poser leur balle respective dans la zone des 6 m adverse ; condition nécessaire à l’obtention du score annoncé. Chaque équipe a la liberté d’empêcher l’autre de parvenir à ses fins en la dépossédant de sa balle. Le jeu étant répété, les stratégies mixtes liminaires des équipes apparaissent plutôt rationnelles, avec des espérances de gains proches de ce que donnerait l’association du minimax et du maximin. Par contre, au moment des réalisations motrices, les joueurs adoptent systématiquement des systèmes de jeu antagonistes, là où il suffisait de coopérer. Ce manque d’acuité dans les décisions motrices est symptomatique du placage inadéquat de tactiques sportives à un jeu qui n’est pas strictement compétitif.

Mots-clés

  • décision motrice
  • dilemme des prisonniers
  • sportifs
  • stratégie mixte
  • théorie des jeux
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