La naissance d'une solidarité...

Prix J.-C. Lyleire
Les conditions d'émergence de l'aide au développement sportif olympique (la commission d'aide internationale olympique, 1952-1964)
Par Pascal Charitas
Français

Résumé

En avril 1923, lors de la session du Comité International Olympique au Capitole à Rome, Pierre de Coubertin déclare que « Le sport veut conquérir l’Afrique ! ». Mais, son projet de colonisation sportive (1930) avorte suite aux échecs répétés des premiers Jeux Africains. Quelques quinze ans après, un lent processus d’anticipation des indépendances se construit avec les conférences de Brazzaville (1944) et de San Francisco (1945), suivies de la Loi Cadre de 1956. Cette nouvelle ligne directrice de la politique internationale redessine les relations entre la métropole et les pays nouvellement indépendants. Parallèlement, la position anticolonialiste de l’URSS s’affirme alors que la déstalinisation est en cours dès 1953. Ainsi, les mouvements indépendantistes et la coexistence pacifique sont propices à l’émergence de pouvoirs alternatifs [1] (ONU, UNESCO) faisant interface entre les volontés des puissances.
Cette recherche a pour objectif d’étudier une phase de l’histoire olympique peu analysée dans la littérature francophone : la genèse de l’aide au développement sportif olympique (CAIO, Commission d’Aide Internationale Olympique). Cette étude nous amène à nous intéresser à une période mouvementée des relations internationales, la charnière des indépendances coloniales en Afrique de 1952 à 1964 (XXe siècle). Le travail empirique effectué à partir des archives du Comité International Olympique permet de distinguer deux conjonctures : la première, de 1952 à 1959, a trait aux conditions de possibilité de la naissance d’une Solidarité Olympique ou Aide Olympique (CAIO). Une naissance prise au travers de la propagande olympique, de la lutte pour le financement olympique contre l’ingérence gouvernementale et dans la dynamique ambivalente du mouvement olympique avec les autres Organisations Non Gouvernementales, entre concurrence et partenariat. Dans cette première conjoncture, nous nous attacherons à prendre pour analyseur l’aide olympique, comme une stratégie du système olympique afin de préserver son apolitisme. Ce prisme nous permettra ensuite de saisir dans la seconde conjoncture, de 1960 à 1964, les conflits géopolitiques et impérialistes liés à cette période des indépendances en Afrique. Nous étudierons ici la récupération politique opérée par la France et l’URSS sur cette aide olympique et la mainmise du mouvement olympique. Cela nous permettra d’appréhender les conditions d’émergence d’une « bonne gouvernance olympique » et de la diffusion d’une certaine illusion humanitaire, miroir des espérances africaines...

Mots-clés

  • histoire de l’olympisme
  • aide au développement
  • apolitisme
  • néo-colonisation sportive
  • politiques internationales
  • idéologie sportive
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