La scène contaminée est la conséquence d’un champ ravagé, où la vie affleure justement de ce qu’il en reste : des débris, des restes, des ruines. Ici, le mot contamination ne signifie pas une pratique de tolérance ou de compassion avec des exclus et marginaux de la société, mais elle revêt un sens implicite et corrosif d’une pratique d’intromission, étrange au circuit conventionnel, qu’influence le travail de quelques troupes théâtrales et metteurs en scène. Il semble que la scène qu’absorbe la différence est imprégnée par les caractéristiques de ces acteurs, en conduisant le spectateur à une nouvelle perception. Ainsi, nous cherchons à penser ce regard sur la scène, guidés par la compréhension des procès historiques et esthétiques que compose la perception sociale des troubles du corps et de l’esprit humain. L’étude identifie le moment de rapprochement entre l’activité théâtrale et les troubles d’ordre physique et mental, en concluant que l’appropriation scénique des anomalies a ses origines dans les exhibitions de foire au XVIII^e siècle, en se développant aux entre-sorts et aux freak shows du XIX^e siècle, pour s’établir effectivement avec l’avènement des mouvements artistiques, comme le body art et la performance art, au XX^e siècle.