En France, l’historiographie (1941-2012) de l’enseignement de la natation en éducation physique et sportive (EPS) montre qu’il existe des méthodes dominantes au sein de l’univers professionnel de cette discipline scolaire. Cet apprentissage est jalonné par deux principales méthodes : l’une basée sur une instruction instrumentée pour transmettre la brasse, et l’autre sur l’acquisition, sans appareil à suspension d’élèves, des invariants des nages sportives et utilitaires. C’est pour des raisons historiques, pédagogiques et axiologiques que ces méthodes s’imposent et se diffusent en EPS alors que d’autres restent plus longuement écartées par le législateur et méconnues des enseignants. Si l’enseignement naturel de Raymond Siener autour de l’apprentissage de la flottaison naturelle et de la posture fusiforme émerge sous Vichy (1940-1944), pour autant il n’intègre pas le curriculum formel avant 1967 et demeure inconnu des enseignants, contrairement à la conception évolutive et hégémonique de Raymond Catteau (1950-2008). Cette étude basée sur un corpus comprenant un ensemble d’archives telles que des textes officiels, des témoignages d’enseignants (n = 144), des ouvrages et des articles sur la natation, montre que la méthode de Raymond Siener a été écartée par le législateur pendant presque trente ans et est inconnue des enseignants d’EPS pour de multiples raisons comme le statut occupé par son concepteur, la « modernité » de cette méthode et sa dimension peu sécuritaire.