Sentir le vivant de son corps : trois degrés d’éveil de la conscience

Par Terezinha Petrucia Da Nobrega, Mary Schirrer, Alexandre Legendre, Bernard Andrieu
Français

L’objectif principal de cet article est d’exposer l’émersiologie qui consiste, en activant le corps vivant par la pratique corporelle, à repérer les degrés d’éveil de la conscience, en allant de l’inconscience du vivant à la conscience du vécu. D’une part, dans sa danse, Anna Halprin, en exaltant l’éveil du sens kinesthésique de son corps vivant, associe le développement personnel et l’expression artistique par l’extériorisation des sentiments et des attitudes cachées ou des blocages inconscients. D’autre part, la performance dans les arts martiaux chinois permet de concilier une double injonction a priori contradictoire : viser l’inconscience, afin de traiter par l’habitus un maximum d’informations quand la conscience limite notre potentiel aperceptif, et conscientiser l’apprentissage pour raffiner cet habitus précisément. Enfin, l’analyse des discours et pratiques d’apnéistes révèle une pratique de consciences contradictoire. Afin d’allonger leur apnée, accueillir ou dépasser des sensations désagréables, les apnéistes modifient leurs états de conscience : visualisation, méditation, rotation de conscience, autohypnose, jusqu’à s’abstenir de penser pour s’économiser et « lâcher prise ». En fin d’apnée, particulièrement en compétition, il s’agit inversement de se reconnecter le plus possible, de lutter contre cette fuite inexorable de la conscience, qui peut aller jusqu’à la syncope anoxique.

Mots-clés

  • éveil
  • sens kinesthésique
  • inconscience
  • états modifiés de conscience
Voir l'article sur Cairn.info