« Ceux qui disent que je suis malade, je les invite à venir prendre l’entraînement avec moi. » Devenir body-builder à l’épreuve du VIH

Par Sylvain Ferez, Éric Perera
Français

Lorsqu’on est séropositif, pratiquer le body-building génère certaines contradictions face aux attentes biomédicales et à l’incitation à une pratique sportive modérée. Dans quelle mesure les dispositions associées à la pratique du body-building interfèrent-elles sur la gestion de la maladie chronique ? En quoi participent-elles à la construction d’une identité de « coriace », c’est-à-dire au déploiement d’une résistance farouche à l’égard des injonctions médicales au nom du contrôle de soi ? C’est à partir de l’étude du cas de Cédric, un «body-builder séropositif», que l’article tente de comprendre la manière dont l’usage du culturisme est mobilisé pour faire face à l’épreuve du VIH. Pour Cédric, cet usage apparaît comme une manière de lutter contre le virus. Le projet de devenir « Mister Univers » (titre mondial de compétition de body-building) lui donne le sentiment d’échapper à la maladie et à ses effets. Il lui permet de reprendre le contrôle de sa vie et de rejeter l’étiquette de « malade chronique ». L’expertise du body-builder, fondée sur un savoir expérientiel qui justifie une réappropriation des connaissances, favorise une redéfinition de la relation patient-médecin. Cédric pousse ainsi la logique de contrôle de son corps (par la pratique du body-building) jusqu’à l’extrême.

Mots-clés

  • body-building
  • VIH
  • savoir expérientiel
  • traitements et suivi médical
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