Pierre Seurin : un acteur-réseau mobilisé en faveur d’une éducation physique méthodique (1941-1975) à visée hygiénique

À partir d’une démarche de sociohistoire pragmatique, cet article propose d’analyser l’influence de Pierre Seurin (1913-1983) dans le domaine de l’éducation physique et sportive (EPS) française. Instituteur de 1933 à 1937, enseignant d’EPS entre 1937 et 1945 puis directeur du Centre Régional d’Éducation Physique et du Sport (CREPS) de Bordeaux jusque 1965, avant d’être nommé inspecteur d’EP, il rejoint en 1941 la Ligue Française d’Éducation Physique (LFEP) qui joue alors un rôle actif de réseau de diffusion d’une gymnastique rationnelle à dimension hygiénique. L’étude présentée suit l’activité de Seurin, dans ses interactions avec d’autres acteurs, en observant la façon dont les positions qu’il défend, et leurs succès fluctuants, sont le résultat de rhétoriques plus ou moins partagées, dépendant de réseaux constitués, en lien avec des situations sociales plus ou moins favorables. Il apparaît comme l’initiateur et promoteur d’une éducation physique « méthodique » susceptible de fusionner différents modèles pour dépasser la simple juxtaposition de méthodes. Conjuguant une expertise de professeur, puis de formateur titulaire d’un doctorat en Éducation physique obtenu en Belgique (Université de Liège), il joue un rôle d’acteur-réseau, se faisant porte-parole, traducteur et défenseur actif des propositions de la LFEP à destination du monde scolaire. Il cherche alors à promouvoir une progressivité des apprentissages propice à une plus grande reconnaissance scolaire et universitaire de cette discipline. Son implication s’observe dans plusieurs débats qui participent à la structuration de la discipline, tant dans les justifications épistémiques exprimées que dans les choix éthiques qui les accompagnent. De ce point de vue, son parcours biographique illustre l’évolution de l’EP, telle qu’elle se discute et se fait, du milieu des années 1930 à la fin des années 1960.