L’éducation des corps dans les Chantiers de la Jeunesse (1940-1944) : du discours à la réalité

Les Chantiers de la Jeunesse incarnent le projet vichyste de formation d’une jeunesse nouvelle. Mis en œuvre en juillet 1940 par Pétain, leur finalité vise à donner un complément d’éducation morale et physique aux jeunes Français de 20 ans résidant en zone libre. Cette ambition s’est traduite par la présence de différentes références éducatives comme la Méthode naturelle de Hébert ou l’éducation scoute, donnant aux Chantiers un caractère innovant par une forme de syncrétisme pédagogique. L’éducation du corps de ces jeunes, centrale dans la doctrine éducative vichyste, se concrétise alors par une vie au plein air au sein de camps, par un travail manuel formateur et par la pratique quotidienne d’activités physiques. Toutefois, au regard des archives, ces intentions éducatives se sont heurtées à plusieurs réalités : un manque d’équipements, un manque de moniteurs pour encadrer ces activités, un travail fatiguant et enfin une forme d’hostilité des jeunes mobilisés à pratiquer ces activités physiques.