L’obésité dans les sociétés industrialisées occidentales : un regard radicalisé entre normes biomédicales et représentations sociales
Cet article propose une analyse anthropobiologique de l’obésité dans les sociétés occidentales industrialisées, à la croisée des normes biomédicales et des représentations sociales du corps. En mobilisant une perspective interdisciplinaire, l’auteur montre comment les oppositions classiques entre nature et culture ou corps et esprit laissent place à de nouvelles dualités – identité/altérité, pureté/souillure, corps choisi/corps subi. Les normes épidémiologiques, notamment celles de l’OMS, sont discutées à la lumière de leurs variations culturelles et biologiques selon les populations. L’étude retrace l’évolution historique des canons corporels, depuis la valorisation des formes épanouies dans les sociétés de pénurie jusqu’à la glorification contemporaine du corps mince et maîtrisé. Elle souligne que l’obésité, autrefois signe d’opulence et de fertilité, est devenue dans les sociétés d’abondance un marqueur de relâchement et de marginalité. À travers l’histoire des esthétiques corporelles et les politiques du corps, l’auteur met en évidence les liens entre discours médicaux, normes sociales et inégalités. L’obésité apparaît ainsi comme une nouvelle figure de l’altérité, au même titre que les discriminations fondées sur la race, le sexe ou l’âge, révélant la dimension politique et morale du regard porté sur les corps.
- obésité
- normes biomédicales
- représentations sociales
- corps
- anthropologie biologique
