Du « je vais » au « je fais » : trajectoire de la motilité chez les personnes grosses amaigries
La sédentarisation croissante de la vie quotidienne, la moralisation du mouvement et le recours accru à la chirurgie bariatrique constituent le contexte dans lequel s’inscrit cette recherche consacrée à la motilité des personnes grosses. Entendue comme la capacité à se mouvoir, ainsi que les potentialités et les conditions de ce mouvement, la motilité est replacée dans son ancrage théorique en sciences sociales, afin d’analyser l’impact de la perte de poids médicalement induite sur le schéma corporel. À partir d’une enquête qualitative menée à Marseille, combinant entretiens et observation participante, l’étude montre que la perte de poids modifie la relation au corps sans que le schéma corporel ne s’ajuste immédiatement. Les personnes grosses rencontrées continuent souvent à se mouvoir avec à l’esprit le corps qu’elles avaient avant leur opération, révélant un décalage entre le corps et son vécu. Elles continuent d’employer des stratégies d’adaptation et d’anticipation face à leur environnement, à leurs activités et aux autres, témoignant d’une motilité à la fois contrainte et projetée avant la chirurgie. La mobilité retrouvée après l’intervention et son intégration dans le schéma corporel finissent par s’inscrire dans un horizon normatif où la performance est valorisée : le « je vais » autrefois projeté devient un « je fais » incarné.
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