Une analyse biographique des socialisations « traumatiques » à l’activité physique chez les femmes grosses concernées par une chirurgie bariatrique
En société, on attend des femmes grosses qu’elles s’investissent dans une activité physique régulière pour perdre du poids. Paradoxalement, elles sont confrontées à de nombreuses barrières qui les en empêchent, et ce, tout au long de leur socialisation sportive. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de femmes opérées d’une chirurgie bariatrique ou en voie de l’être (entretiens et ethnographie virtuelle), l’article identifie trois moments biographiques qui participent à la production d’un rapport conflictuel à l’activité physique chez les femmes grosses. D’abord, les socialisations sportives infantiles sont marquées par les pressions à maigrir et l’exclusion sociale dans les cours d’EPS. Ensuite, les différentes formes que prend la stigmatisation liée au poids constituent un obstacle à l’engagement dans une activité physique à l’âge adulte. Enfin, le passage par une chirurgie bariatrique s’accompagne d’une mise en place de nouvelles habitudes sportives – des pratiques disciplinaires –, qui sont le plus souvent abandonnées avec le temps. Si certaines socialisations sportives sont heureuses, notamment chez les femmes ayant pris du poids à l’âge adulte, la plupart des femmes grosses éprouvent des difficultés pérennes à pratiquer une activité physique régulière et à y trouver du plaisir.
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