Cet article est basé sur une enquête ethnographique de terrain, portant sur un événement de sensibilisation au handicap qui s’est déroulé au Burkina Faso en décembre 2008. L’étude de l’organisation et du déroulement de la Handicourse solidaire met en évidence son caractère ambivalent, dans le sens où on observe la production simultanée d’effets souhaités et d’effets pervers. L’analyse des concours sportifs et d’artisanat organisés dans les villages-étapes souligne les limites de la sensibilisation des populations locales et des acteurs politiques : les compétences des personnes handicapées n’ont été mises en valeur qu’au travers de la diffusion d’une image idéalisée de leur corps. De plus, si la Handicourse solidaire semble être le produit d’un mouvement associatif local en émergence, nous avons montré que les relations sociales ont fonctionné en pratique sur le mode de la solidarité communautaire, dans une logique du donnant/donnant. L’organisateur principal de la course, Aly Zoromé, s’est ainsi vu placé en situation de dette du fait de son incapacité à compenser financièrement l’investissement bénévole des participants. Cependant, nous avons mis en évidence sa capacité à résister efficacement aux tentatives de mise sous tutelle de l’association de solidarité internationale du Nord, principal financeur du projet, ce qui lui a permis de conserver une certaine marge de liberté dans la gestion du budget de la Handicourse solidaire.