Cet article présente les développements récents d’une recherché qualitative en cours explorant les formes orientales des mouvements comme transformation de la corporalité en Occident. Il décrit en particulier les premières explorations conceptuelles de la nature, des fonctions et des processus corporels dans la lignée des arts et de la culture martiale. La nature de la transmission dans les arts martiaux suit les propositions de Schilling (2003) qui conclut que l’une des rares certitudes à propos de notre corps c’est qu’il peut éventuellement mourir, et que cessera ainsi notre mode de connaissance incarnée, si laborieusement élaboré durant la vie. Le souci de construire des « arbres de famille » ou de cartes de lignée des « corps » dans les communautés traditionnelles des arts martiaux afin d’illustrer les liens intergénérationnels entre les maîtres-enseignants de générations successives est indicatif de ces préoccupations. En second lieu, nous examinons comment la lignée du corps semble avoir trois fonctions globales : 1) exprimer légitimement la succession des maîtres d’un art martial donné ; 2) de charger ces successeurs de la préservation ou de la conservation des caractères distinctifs de l’art et de l’illusio de sa valeur ; 3) de fournir une identité collective distinctive de l’art. Troisièmement, nous considérons l’idée de lignée des corps comme un processus social et thématisons ainsi la pratique du lignage corporel et son langage.