Sportivisation des arts martiaux et contexte sociopolitique. Le cas du pencak silat en Indonésie
À travers l’histoire des fédérations indonésienne et internationale de pencak silat, l’article décrit la politique d’État de l’Indonésie vis-à-vis des pratiques traditionnelles régionalement marquées de cet art martial. Dans cette politique, les Javanais représentent le groupe dominant et ils apparaissent comme étant au cœur de la dynamique instaurée. Ceci a pour effet d’instaurer des tensions avec certains groupes socioculturels minoritaires. Les réseaux internationaux qui soutiennent le développement de cet art martial jouent également un rôle. Ils se présentent notamment comme un contrepoids à la volonté marquée des cadres fédéraux d’établir des règles de compétition axées sur le combat au détriment de la gestuelle esthétique originale. Les sources utilisées sont des documents de travail ou de diffusion des fédérations, récoltés à l’occasion d’enquêtes menées depuis 1987. L’analyse tient aussi compte des entretiens avec des responsables de fédérations et d’écoles, ainsi que l’expérience de terrain ethnographique d’étude des pratiques et du fonctionnement des écoles de pencak silat. Il en ressort que c’est le processus de sportivisation que l’État indonésien a mis en avant au détriment des dimensions rituelle et religieuse. J’interprète ce processus – concomitant à celui de modernisation – comme participant de l’hégémonie de groupes d’influence (Javanais ; pro-sportivisation) sur d’autres (autres groupes ethniques ; ceux pour qui la version sportive dénature l’art martial).
Mots-clés
- sportivisation
- arts martiaux
- politique culturelle
- pencak silat
- Java
- Indonésie