Sport ou pratique enfantine ? La construction manquée du badminton en tant que « vrai sport » en France dans l’entre-deux-guerres

Par Julie Grall
Français

Le badminton semble se construire en France en tant que sport au cours des années 1930. En effet, durant cette décennie, il se dote d’une structure dirigeante, s’instaure en tant que pratique compétitive par la mise en place d’un classement permanent, d’un calendrier de compétitions de niveau local jusqu’aux rencontres internationales. Tout semble se passer comme pour de nombreux sports modernes nés en Angleterre qui connaissent une mobilisation de pratiquants et de spectateurs et investissent une logique compétitive (Loudcher, 2007). Pourtant, dans les discours, le badminton conserve une image de jeu d’enfant, dont l’accès est facile, à l’inverse du sport (Arnaud, 1992), malgré l’effort de ses promoteurs. L’analyse de la presse générale et sportive, ainsi que de la revue officielle du tennis et du badminton, permet de constater une ambivalence dans les discours. Ceux-ci prônent de nouvelles valeurs pour ce sport, mais paradoxalement, le maintiennent dans une perspective traditionnelle, un imaginaire enfantin, attaché à la pratique du jeu du volant et conduisent à une « sportivisation manquée ». Cet écart est amplifié par le cousinage du badminton avec le puissant et reconnu lawn-tennis, qui lui fait de l’ombre. Ces constats expliquent la place minoritaire du badminton dans un contexte où les sports socialement valorisés sont dotés des attributs souhaités par l’État : force, endurance, virilité et « athlétivité ».

Mots-clés

  • badminton
  • jeu
  • sportivisation
  • imaginaire
  • valeurs
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