S’engager dans des méthodes mixtes de recherche : croyances ontologiques et vertus épistémiques sous-tendant une pratique scientifique singulière

Articles de recherche
Par Matthieu Quidu
Français

Depuis une quinzaine d’années, l’espace français des Sciences du sport est marqué par le développement d’une pratique singulière de recherche consistant à recueillir, croiser et confronter, au sein d’une même étude, des matériaux empiriques de nature hétérogène, respectivement dits en « première personne » (documentant l’expérience vécue de l’acteur) et en « troisième personne » (renseignant les dimensions objectivables de son activité). Afin de mieux comprendre la massification (relative) de cette manière singulière de faire de la recherche, qui structure de nombreux événements académiques en 2023, le parti pris épistémologique a consisté à mettre la focale sur le point de vue des acteurs et actrices l’ayant développée. Ont ainsi été interrogé.es, au moyen d’entretiens semi-directifs, dix-sept chercheurs et chercheuses en STAPS s’y engageant. Nous avons pu mettre au jour deux types de facteurs unifiant ces démarches articulatoires, par-delà la disparité de leurs opérationnalisations empiriques. D’une part, les croyances ontologiques qui les sous-tendent sont organisées autour de deux méta-orientations : le perspectivisme et la stratification du réel. D’autre part, elles sont structurées par un système de valeurs – voire de vertus – épistémiques dont l’ouverture, la curiosité, le pluralisme et l’autocritique. Ces deux niveaux, ontologiques et éthiques, convergeant vers une prise en compte de la complexité, de la globalité et de l’indissociabilité des phénomènes, définissent finalement une attitude commune vis-à-vis du réel et du savoir faisant des démarches articulatoires davantage une posture qu’une méthode de recherche.

  • méthodes mixtes de recherche
  • données en première et en troisième personnes
  • croyances ontologiques
  • vertus épistémiques
  • interdisciplinarité
Voir l'article sur Cairn.info