Quand le sport discrimine : la formation au recrutement ou la construction d’une déviance dans le secteur de la distribution sportive

Par Julie Duflos
Français

Malgré le renforcement du cadre législatif antidiscriminatoire français depuis les années 2000 et la reconnaissance de l’apparence physique comme critère discriminatoire par la loi du 16 novembre 2001, plusieurs travaux ont montré la persistance de sa prise en compte lors des procédures de recrutement. Dans le secteur de la distribution sportive, le critère « être sportif pratiquant », érigé comme condition sine qua non d’embauche, amène les recruteurs à évaluer le capital sportif des candidats au travers de leur capital corporel. Cet article propose donc de comprendre ce qui, dans la socialisation professionnelle des recruteurs de ce secteur, les invite à discriminer et participe à la construction d’une déviance. L’observation de plusieurs sessions de formation au recrutement dispensées en interne montre que l’essentiel des discours et des apprentissages sont centrés sur le sport. Elle met au jour une mise en conformité des employés aux normes de l’entreprise qui correspond à la construction d’une déviance. Cette formation s’inscrit dans une visée de « formatage » des participants. Si elle apporte des outils aux stagiaires, elle aborde bien moins les obligations légales encadrant le recrutement, telle que la non-discrimination, laquelle irait à l’encontre des critères incontournables imposés par l’entreprise.

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