Fragment d’analyse rétrospective, stratégique et culturelle d’un échec dans l’industrie des articles de sport : l’affaire du rachat manqué de Rossignol par Quiksilver

Par Pierre Durand, André Suchet
Français

L’industrie des articles et du matériel de sport constitue l’une des dimensions importantes à comprendre dans le système des pratiques et des représentations sportives, mais surtout dans l’étude de la diffusion de ces représentations à l’ensemble de la société à travers ce qu’il est convenu d’appeler communément le sportswear. À partir de sources écrites de presse, de documents internes et de sources orales inédites, cette étude propose une approche des liens entre deux grands groupes de ce secteur, Rossignol et Quiksilver, au moment d’une tentative de fusion. Plus précisément, au-delà d’une approche stratégique et des théories de la contingence technologique ou structurelle, ce travail défend l’intérêt du principe de contingence culturelle.Les résultats montrent que donnant suite à une période de succès dans les années 1990, le groupe Rossignol souffre d’une conjoncture difficile au début des années 2000 (image vieillissante du ski alpin, crise économique…) qui amène à considérer l’intégration au groupe Quiksilver alors en pleine croissance (dans le contexte de la génération glisse et des années fun, au sens de Loret, 1995) comme un moyen pertinent de rajeunissement et de « repositionnement gagnant ». Mais l’affaire fonctionne mal et tourne rapidement au « mariage raté ». Ce travail d’analyse rétrospective discute des facteurs économiques, stratégiques et surtout culturels de cette histoire.
Mots-clés : contingence culturelle, culture sportive, industrie, fusion, management