Entraîner les jeunes footballeurs « nationaux »

Cet article vise à contribuer à la sociologie du travail associatif dans un espace sportif régi par le bénévolat indemnisé : l’encadrement du football de compétition juvénile. Quels sont les ressorts de l’engagement des éducateurs de football bénévoles ? Quelles ressources mobilisent-ils pour exercer leurs fonctions ? Quels bénéfices espèrent-ils en retour ? L’étude comparée de deux cas apporte des pistes de réponse. Nicolas et Yves, deux hommes aux propriétés sociales distinctes, ont pris successivement en charge la même équipe de jeunes dans le même club amateur francilien. En retraçant les transactions routinières qui font et défont les réputations, l’enquête ethnographique révèle deux voies distinctes pour accéder aux places les plus valorisées du club : l’une fondée sur la certification des compétences, l’autre sur l’ancrage local. Sur des registres et à des niveaux différents, l’engagement bénévole d’Yves et de Nicolas est étroitement lié à leurs trajectoires professionnelles. Leur rivalité s’inscrit dans le contexte d’une forte concurrence entre les éducateurs de la génération des « anciens » et les « profs de gym », avivée par l’élévation des exigences certificatives de la FFF et par la pénurie d’emplois sportifs.