La relation de domination Han sur le peuple tibétain : l’exemple du biopic sportif chinois 40 000 Kilometers de Keke (2017)

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Par Siyao Lin, Thomas Bauer
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Les relations des autorités chinoises avec leurs ethnies minoritaires suscitent une attention de plus en plus importante au niveau international, notamment par rapport aux droits de l’homme (Drieu, 2022) et aux revendications d’indépendance (Mukherjee, 2021). Le cinéma, en tant que miroir plus ou moins déformant de la société (Portis, 2001), offre une perspective originale pour étudier cette situation, y compris les films de sport qui véhiculent souvent des valeurs nationalistes (Crosson, 2020). C’est le cas du long métrage chinois 40 000 Kilometers de Keke (2017) qui présente l’histoire de Qieyang Shenjie, une marcheuse tibétaine ayant participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012, et même remporté une médaille de bronze en battant le record d’Asie sous les couleurs chinoises. Vacillant entre un discours ethnique et intégrateur, ce biopic reflète l’ambiguïté du réalisateur pour défendre le particularisme culturel tout en s’inscrivant dans les représentations collectives chinoises. Partant de la fiction pour mieux comprendre l’histoire culturelle de la Chine, cet article propose trois analyses complémentaires : une approche narrative qui déconstruit et interroge les enjeux structurant la fiction, un regard ethnographique critique en lien avec l’image du Tibet diffusée dans le film, ainsi qu’une prise de recul sociologique mettant en exergue, par une métaphore quelque peu phallocratique, la relation de domination se jouant entre le peuple Han (figuration de l’entraîneur) et une ethnie minoritaire (la femme athlète). En somme, 40 000 Kilometers apparaît imprégné de logiques artistiques et politiques singulières visant à transmettre l’image d’un Tibet passif et dépendant du paternalisme Han.

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